Lucio Perinotto, le Caravage de la peinture aéro

Faut-il encore présenter l’artiste ? Lucio Perinotto, ce peintre fasciné par le monde de l’aviation et dont l’oeuvre participe au  bonheur des lecteurs du Fana de l’aviation. Ce magazine mythique qui doit ses plus belles couvertures à l’artiste.
Ce troisième livre d’art, publié chez Paquet, propose une large sélection de couvertures commentées par le maître, ainsi que des dessins inédits. Des peintures qui proposent des instants décisifs, des émotions plus que la simple représentation d’un fait historique.
Comme l’écrit fort justement le journaliste aéro (et voix du salon du Bourget) Bernard Chabbert dans sa préface, «Lucio peint des avions, mais surtout il propose des images. Comme autant d’ambiances propices à s’embarquer dans le rêve éveillé. Les formes, les vibrations, l’atmosphère humide d’un ciel mouillé, les odeurs de métal chaud, les sons mécaniques qui finissent par être perçus comme de la musique…»
Ce troisième tome, pur moment de plaisir pour les amoureux de beaux zincs, propose de superbes planches dans lesquelles évoluent de nombreux avions à hélice, acteurs de ces années de fer et de feu. Des crayonnés, en guise de bonus, permettent de découvrir la méthode de travail d’un auteur qui aime jouer des effets de lumière sur les appareils reproduits. L’influence, comme il le reconnaît lui-même, de l’œuvre d’un Caravage ou d’un Georges de la Tour.
PERINOTTOSi les grandes stars de l’aviation militaire des années 40 sont présentes, l’auteur a choisi de les représenter avec des cocardes plus exotiques, histoire de titiller notre curiosité. Il en va ainsi du Corsair, star du feuilleton Les Têtes Brûlées, et peint aux couleurs du Honduras. Spitfire, B-17, P-47 Thunderbolt ou P-38, ils sont tous là. Y compris des machines moins médiatisées, comme le Bloch 157, souvent surnommé le P-47 à la française. Beau aussi ce Macchi 202 Folgore. Chasseur révolutionnaire, le He 162, petit chasseur à réaction conçu fin 1944, est considéré quant à lui comme l’un des premiers jets à disposer d’un siège éjectable.

Seul biplan de l’album, le Stampe permet de se souvenir qu’il a équipé les forces aériennes belge et française. Aujourd’hui encore, le Stampe participe aux shows aériens avec le même succès public.

À noter le clin d’œil d’un maître à un autre, avec la reproduction de cette planche crayonnée qui met en valeur la fameuse Aile rouge du colonel Olrik, imaginée par Edgar P. Jacobs. Avec l’avantage de Lucio Perinotto de disposer aujourd’hui d’une documentation plus pointue, absente à l’époque du dessinateur belge, qui avait dû styliser son aéronef.
Un album qui réserve également quelques surprises, comme la représsentation de ce duel aérien entre un Fieseler Storch poursuivi par un Piper L-4 et dont l’équipage canarde au Colt 45 son équivalent allemand. Un épisode méconnu de la fin de la Seconde guerre mondiale.
Coup de coeur, enfin, pour la couverture de l’album, avec cette paire de P-47 américains en escorte de quadrimoteurs lancés à l’assaut de l’Europe occupée.

Philippe Degouy

Lucio Perinotto. Artbook n°3. Cockpit collection. Éditions Paquet, 81 pages.
www.lucioperinotto.com
www.collection-cockpit.com
Couverture : éditions Paquet

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