La guerre de Sécession, premier conflit moderne

Par Philippe Degouy

Auteur prolifique d’ouvrages historiques, Sylvain Ferreira publie Les Secrets de la Guerre de Sécession aux éditions Caraktère. Une thématique méconnue de ce côté de l’Atlantique avec une vision plutôt manichéenne avec le camp du bien, les troupes de l’Union, contre les esclavagistes du Sud, et l’armée confédérée. De cette guerre de Sécession, ou Civil War comme elle est connue aux Etats-Unis, nous n’avons bien souvent qu’une vision tronquée, marquée par les westerns ou la série de BD des Tuniques Bleues.
Avec son document très documenté, pointu mais accessible au plus grand nombre, Sylvain Ferreira remet les pendules à l’heure et explique pourquoi cette guerre peut-être considérée comme la dernière guerre de type napoléonienne mais aussi comme le premier conflit moderne. Son document, illustré par un cahier photographique inédit, est découpé en quatre grands chapitres : les innovations techniques, les innovations navales, les aspects sociaux et politiques et les aspects militaires. En de courts chapitres, l’auteur passe en revue tous les éléments novateurs de cette effroyable guerre fratricide. Comme le développement de la mitrailleuse et des canons à tir rapide, celui de la reconnaissance aérienne par l’usage de ballons destinés à surveiller le champ de bataille et fournir des renseignements pour le réglage des tirs d’artillerie. Une guerre qui a vu aussi le développement du sous-marin et des cuirassés ou l’importance du train pour amener renforts et matériels au plus près du front. Nombreuses sont les anecdotes proposées par l’auteur, parfois surprenantes comme l’engagement de certaines nations amérindiennes au sein des troupes sudistes ou l’histoire de William Quantrill, ancien instituteur devenu l’un des pires bouchers de ce conflit.
Même l’art de la guerre s’est vu modifié avec une cavalerie développée comme force de frappe à longue distance, pour une forme de blitzkrieg des plus efficaces.

L’ouvrage se lit d’une traite par sa lecture agréable et l’immersion du lecteur dès les premières pages. Le document permet de briser de nombreuses idées reçues et de comprendre toute l’importance sur l’Union de la victoire remportée par les troupes fédérales. Mais à quel prix. Tant pour le nombre de soldats engagés et tombés au combat que les dizaines de milliers de prisonniers des deux camps qui n’ont pas vu la fin de la guerre, parqués dans des camps de prisonniers qui peuvent se comparer aux funestes camps de concentration nazis. A l’instar de la prison sudiste d’Andersonville, dont le responsable, Henry Wirz, un Suisse, a été exécuté à la fin de la guerre pour crimes de guerre.
Un coup de coeur littéraire partagé avec celles et ceux désireux de découvrir un pan méconnu de l’histoire américaine et dont certains aspects restent toujours d’actualité en cette année d’élections présidentielles.