L’or du temps, mon précieux!

Par Philippe Degouy

Paris, 1890. Enlevé par Milord l’Arsouille et sa bande, Théo parvient à s’enfuir grâce à l’aide imprévue de l’un de ses ravisseurs. Avec son ami Hugo de Reuhman (lire tome 1), Théo reprend son enquête au sujet de ce mystérieux sarcophage tant convoité par les uns et les autres. Mais que contient-il ? Quel secret se cache en son sein? De l’or, un secret pour le fabriquer, autre chose ? Au fil de ses recherches, Théo rencontre le vicomte de Cambrai, drôle d’aristocrate qui vit dans un vieux château avec ses deux filles et entouré par des automates imaginés par feu son fils. Un érudit qui le place sur plusieurs (fausses) pistes. Dont l’une mène Théo tout droit dans les mains d’un autre personnage louche, un certain Aleister Crowley, accompagné de la fameuse créature meurtrière que Théo a déjà croisé au Louvre. Une fois de plus, la cavalerie arrive à temps pour sauver Théo et l’enquête. Arrivée à sa fin, avec la découverte du sarcophage et de son mystérieux contenu. Voilà qui ne manque pas de surprendre les deux hommes bien au-delà de leurs attentes. L’or du temps livre ses secrets.

Toutes les bonnes choses ont une fin, hélas. En témoigne ce second tome du dyptique L’or du temps (éd. Daniel Maghen) dessiné par Oriol sur un scénario de Rodolphe.
Une histoire plantée au coeur de cet âge d’or de l’occultisme et de l’ésotérisme. Par pur plaisir, les auteurs ont glissé dans le récit de nombreux clins d’oeil adressés aux initiés. Comme un jeu de pistes à suivre en parallèle à l’intrigue, particulièrement bien construite pour maintenir l’attention du lecteur jusqu’à la dernière page. Deux auteurs qui n’ont pas manqué non plus de rendre hommage aux grands classiques de la littérature. Refuge de nombreuses créatures qui ont connu un succès populaire, comme Belphégor, personnage créé par Arthur Bernède. Mais comment ne pas penser aussi à la poupée sanglante de Gaston Leroux?
Un diptyque mystique bourré de personnages historiques. Et au scénario dense, tout comme l’oeuvre du dessinateur espagnol Oriol. Avec des planches aux couleurs à la fois vives et sombres, pour mieux incarner l’ambiance oppressante qui traverse l’intrigue. Ce qui n’est pas fait pour déplaire au lecteur, force est de le constater. Un style de dessin qui rappelle notamment les toiles de Toulouse -Lautrec mais aussi les oeuvres du peintre maudit Gen Paul (alias Eugène Paul), expressionniste de l’école de Montmartre. Un graphisme tout simplement superbe, avec un coup de coeur pour la couverture en forme de manifestation spirite.
Un second tome qui réclame la lecture du premier volet pour mieux savourer les rouages de l’histoire, aussi complexes que ceux des automates qui ajoutent à la confusion dans l’esprit des héros.
Un épisode qui se referme sur l’explication de l’or du temps, cette épitaphe présente sur la tombe d’André Breton. De quoi s’agit-il? Les deux héros l’ont-ils trouvé en guise de récompense à ce jeu de pistes pour retrouver ce mystérieux sarcophage au travers d’un dédale de souterrains parisiens? Réponse en fin d’album, avec un bonus qui ne manquera pas de confirmer certains soupçons au sujet de Claude. Mais n’en disons pas davantage.
Nul doute, le plaisir de lecture est réel, avec l’envie de le partager avec les amoureux d’ambiances intrigantes. Un solide coup de coeur.

L’or du temps 2/2. Scénario de Rodolphe. Dessin d’Oriol. Editions Daniel Maghen, 80 pages, 16 euros https://www.danielmaghen-editions.com/catalogue/lor-du-temps-2/
Couverture : éditions Daniel Maghen

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